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Djikadan Daily N°3 

 

ÉDITORIAL//: AU PAYS DE PERPÉTUEL RECOMMENCEMENT : DE SÉKOU TOURÉ À COLONEL MAMADY DOUMBOUYA

Brève description des atouts et faiblesses des hommes qui ont gouverné notre pays, la république de Guinée, de 1958 à nos jours, avec des styles différents. Le dénominateur commun du règne de ces hommes, excepté un seul, c'est l'effusion du sang. 

1. SÉKOU TOURÉ. ATOUTS. C'est l'homme du 28 septembre 1958. C'est lui le père fondateur de la nation guinéenne. De teint noir, il était élégant et naturellement intelligent, pour ne pas dire surdoué et visionnaire. Il aimait s'habiller en blanc, la couleur fétiche de son parti, le PDG-RDA et l'éléphant comme symbole. Le système de gouvernance qu'il mit en place le rapprochait de son peuple, qui l'acclamait tant. Il était sincère envers lui-même, envers ses amis et envers son peuple. Il avait un plan de développement harmonieux qui prenait en compte les réalités concrètes du pays. Il mourut un matin de 26 Mars 1984, par suite d'une crise cardiaque. Tout porte à croire que si son parti continuait à diriger le pays, tout en opérant des réformes conséquentes, la Guinée serait au même niveau de développement sociopolitique que la Chine ou la Corée du Nord d'aujourd'hui, pour ne citer que ceux-là. FAIBLESSES : l'excès d'autoritarisme, la présidence à vie et les multiples complots dénoncés et suivis d'exécution des présumés coupables. Ces exécutions instrumentalisées et excessivement dramatiseés par la presse occidentale et des ONGs comme Humain Right Watch, ont contribué à diviser profondément les citoyens et renforcer la haine intercommunautaire et l'ethnocentrisme dans le pays. Si on en croit à cette ONG, c'est comme si Sékou Touré tuait chaque jour près de 160 personnes durant les 26 ans de son règne. Son opposition à la proposition de général de Gaulle suivi du référendum du 28 septembre 1958 dans lequel le non a largement emporté, en est pour quelque chose dans le lynchage médiatique dont il fut l'objet de la part des journalistes et ONGs à la solde du gouvernement Français ou du réseau françAfrique.  

2. GÉNÉRAL LANSANA CONTÉ. ATOUTS.

C'est l'homme du 3 avril 1984. À la tête d'une junte, dénommée CMRN, il s'est accaparé du pouvoir juste quelques jours après l'enterrement de Président Ahmed Sékou Touré. Il mit fin au système socialiste mis en place par ce dernier, dont il était lui-même un pilier, voire un bourreau. Quelques années plus tard après son accession au pouvoir, il fait adopter la loi fondamentale, qui autorisa le multipartisme et la liberté d'expression, qui déboucha sur la création de plusieurs médias privés dans tout le pays. Bien que n'ayant pas réussi à mettre en place un système de gouvernance approprié, il était tout de même proche de son peuple, sa communauté particulièrement. Il était pragmatique et reconnaissant des bienfaits des autres vis-à-vis de lui, pendant ses années de disette. Il était patriote et très loyal. FAIBLESSES. Taciturne, il était peu bavard. Son niveau d'expression en langue français était faible. Il n'aimait pas trop de contact avec le monde extérieur et était méfiant vis-à-vis des Blancs. Il ne croyait pas à la sincérité de l'amitié avec des Occidentaux Une année après son accession au pouvoir, à la faveur d'un pseudo ou vrai complot, il fit arrêter et exécuter, de façon extrajudiciaire, beaucoup de ses compagnons d'arme et d'anciens dignitaires du régime défunt, issus exclusivement de la communauté malinké ou Nko. L'histoire retient que c'est en son temps, que le chemin de fer Conakry-Kankan fut démantelé et vendu à vil prix à une compagnie étrangère. Il a échoué dans sa politique de développement du pays et a fini par cautionner le laisser-aller. Ce fut également en son temps que le vol systématique du denier public a commencé. Rongé par un diabète aigu et une leucémie, il ne contrôlait plus rien dans la gestion des affaires de l'État, laissant ainsi le pays à la merci des clans antagoniques, voire antagonistes. Les rumeurs l'ont donné plusieurs fois pour mort, mais il mourut finalement en décembre 2008. Il est à l'origine de tous les maux qui caractérisent le pays, de l'année 1990 à nos jours. Il l'a égorgé avant de le jeter dans un puits profond. C'est également en son temps que le pays est devenu la plaque tournante du trafic de la cocaïne. L'économie a été libéralisée au même titre que la vente et la consommation des drogues dures. Les militaires étaient les principaux dealers de drogue. Le développement de l'ethno stratégie comme outil de gouvernance a été déterminant pour son maintien au pouvoir pendant plusieurs décennie

3. MOUSSA DADIS CAMARA. ATOUTS et FAIBLESSES. Comme en 1984, un beau matin, Moussa Dadis Camara, à la tête d'une junte dénommée CNDD, s'est accaparé du pouvoir quelques heures seulement après l'annonce de la disparition de l'homme qui avait dirigé le pays d'une main de fer pendant 24 ans. Il n'a pas attendu la fin des funérailles pour annoncer la prise du pouvoir par l'armée, qui s'est déroulée sans effusion de sang. La mort de l'homme, il faut le mentionner, a été annoncée en différé par son entourage, qui était engagé dans une lutte intestine de succession sans merci, menée discrètement. Le mérite de Dadis réside principalement dans le démantèlement des réseaux mafieux de trafic de drogue, la cocaïne notamment, qui s'étaient accaparés du pays. Impulsif et sentimental à la fois, pendant son bref passage tumultueux et vacarme, il soufflait le chaud et le froid. Il a humilié publiquement plusieurs dignitaires du régime précédent pour leur implication présumée dans le détournement du denier public et dans le trafic de la cocaïne. Devenu vedette de la télévision nationale avec le feuilleton DADIS SHOW, même les corps diplomatiques et des représentants des compagnies étrangères n'ont échappé à la fougue de l'homme. L'ambassadeur d'Allemagne et le représentant de la société RUSAL d'alors n'en diront pas le contraire. Même son premier ministre, le respectueux Kabiné Komara, n'a pas fait exception à cette règle. Imprudent, il finit par se faire tirer dessus par son aide de camp, Toumba Diakité, au mois de septembre suivant dans un camp militaire de la place; soit 9 mois après son accession au pouvoir. La relation entre les deux personnes s'est fortement détériorée, en toile de fond l'accusation de responsabilité dans les tueries de masse des manifestants au stade du 28 Septembre. Il faut rappeler que ce fut lors d'un meeting à l'appel de l'opposition, que des manifestants se réunirent audit stade pour dire NON aux velléités de sa candidature aux prochaines élections présidentielles, que ce massacre a eu lieu.

4. GÉNÉRAL SÉKOUBA KONATÉ. ATOUTS ET FAIBLESSES. Ce fut suite à la blessure de Dadis par balle sur sa tête, que SÉKOUBA KONATÉ a pris les règnes du pays. Comme Gen. Lansana Conté, il est taciturne lui aussi. Son mérite réside principalement dans l'organisation des élections présidentielles libres et transparentes de 2010, même si celles-ci furent entachées de fraudes. Il a respecté les accords de Ouagadou à la lettre, en permettant à Mr. Jean Marie Doré, le premier ministre consensuel, de gérer les affaires de l'État et d'organiser les élections apaisées. En bon soldat, il a pu maîtriser l'armée, il faut le reconnaître, qui n'était plus républicaine. 

5. PROFESSEUR ALPHA CONDÉ. ATOUTS. Premier Président démocratiquement élu depuis l'adoption de la loi fondamentale autorisant le multipartisme, en 1990. Il est élu à la suite d'un scrutin très contesté par son challenger, Mamadou Celou Dalein Diallo. Sous les auspices de la communauté internationale, ce dernier a accepté sa défaite, même si difficilement. Il est très charismatique avec un carnet d'adresses bien rempli. Très tôt après sa prestation de serment, il entame des voyages pour, dit-il, le retour de la Guinée dans le concert des nations. À chaud, il déclara dans l'une de ses toutes premières allocutions radio télévisées, je cite : j'ai hérité d'un pays et non un État. Cela en dit long sur l'état dans lequel il a trouvé le pays. Les trois premières années de son règne furent caractérisées par des manifestations violentes sanglantes et récurrentes. Il a décroché l'annulation de la dette du pays dans le cadre du fameux PPTE. Il construit le barrage de Kaléta et lance le démarrage de Souapiti. FAIBLESSES. Naturellement humoriste, même en dénonçant les cas de détournements rocambolesques du dénier public, il le faisait avec humour et rigolade. Évoquer son nom fait tout de suite allusion à l'impunité. Son règne a favorisé l'émergence et l'enrichissement illicite d'une oligarchie insatiable. Bien qu'étant le plus aimé des présidents qu'a connu notre pays, PRAC était très éloigné du peuple. Il fut très isolé et finalement pris en otage par son entourage, engagé dans un concours de détournement du dénier public sans précédent. Des voyous à col blanc l'ont sevré de son peuple prématurément. Son personnage prête à confusion et continue à diviser encore ses militants et les citoyens jusque dans les familles. Ce fut sous son règne que le clivage ethnique a atteint son paroxysme, avec des slogans et promesses électorales incendiaires. C'est aussi en son temps que l''administration publique a été aussi politisée à outrance. Il était tout sauf ce dont on le croyait. Il faisait exactement le contraire de ce qu'il disait ou dénonçait ou promettait publiquement. Avec lui, il fallait s'attendre à tout et rien à la fois. Il s'est battu pendant une quarantaine d'années pour l'alternance démocratique dans son pays. Malheureusement, comme Lansana Conté en 2001, il a modifié lui aussi la constitution du pays, à son tour, à travers un référendum contesté et ensanglanté, afin de s'éterniser au pouvoir. Jusqu'à sa chute inopinée le 5 septembre 2021, on a jamais su ce pour lequel il s'est battu pendant plusieurs décennies ! Pourquoi s'était-il opposé à Sékou Touré, puis à Lansana Conté, successivement ? Il ne devrait pas, en réalité, faire plus d'un mandat à la tête du pays. Il n'avait pas le bon profil pour un pays aussi désordonné comme le nôtre. Il s'est trahi lui-même et a trahi son peuple, au nom duquel il menait pourtant son combat pour la démocratie; peut-être inconsciemment. Hélas ! Autrement dit, une fois arrivé au pouvoir, le voilà devenu l'ami fidèle des Présidents des pays non démocratiques comme la Turquie ou la Chine ou la Russie ! Son machiavélisme a fini par se retourner contre lui-même. Il s'est fait kidnapper un beau matin par des éléments des forces spéciales; une unité d'élite qu'il a créées, entretenues et équipées lui-même. Il comptait l'utiliser certainement comme un contrepoids non seulement pour la grande muette, mais aussi pour sa propre garde présidentielle. Hélas ! On ne peut être plus malin que Dieu.

6. COLONEL MAMADY DOUMBOUYA. ATOUTS et FAIBLESSES. Il est le Président en exercice. Le kidnappeur. Comparativement aux deux précédents coups d'État, celui de 1984 et de 2008, qui sont survenus qu'après la mort du Président en exercice, lui il a fait arrêter un Président en exercice, avant de proclamer la prise du pouvoir par l'armée. Par cet acte, il a ainsi brisé un mythe qui faisait croire que le coup d'État ne réussit pas en Guinée. Il apparaît comme un produit de synthèse de ces prédécesseurs. Il ne veut pas commettre les mêmes erreurs que ces derniers. Le combat pour la moralisation du dénier public et la récupération des des domaines de l'État reste pour lui la priorité des priorités. Pour le moment, c'est trop tôt de se prononcer sur sa proximité avec le peuple et de la manière dont son règne finira. Mais avec tout l'arsenal militaire et des lobbyistes qui l'entourent, tout porte à croire qu'il finira par être lui aussi le souhait de son entourage. Il risque de tout faire sauf l'essentiel. Au pays des rusés, des égoïstes et des méchants, pour réussir, il faut être rusé, égoïste et méchant.  

En somme, un bon système de gouvernance rapproche toujours le Président à son peuple. Par contre, un mauvais système de gouvernance l"isole et l'éloigne du jour au jour de son peuple. Un entourage mal intentionné empêche le Président de bien voir, de bien entendre et de mieux comprendre les préoccupations réelles de son peuple. C'est-à-dire son cri du cœur. C'est souvent un match dans lequel c'est 11 contre 1, qu'on assiste. C'est-à-dire : tous contre un. Chacun se bat de son côté pour nommer son ou ses homme (s). 

En Guinée, c'est quand l'histoire ne se répète pas, qui est surprenant.

À quand la fin de répétition de l'histoire en Guinée ? 

 

 

 

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 Djikadan Daily N°2

 

À la Une : PREMIÈRE VICTIME SOUS LE RÈGNE DE CNRD 

 

Hier, au cours des manifestations spontanées qui avaient éclaté suite à l'annonce par le gouvernement de l'augmentation du prix du carburant, un jeune homme y a perdu la vie. Selon certains celui-ci constitue la première victime civile de CNRD. Preuve que naïfs ceux qui croyaient qu'avec la chute de PRAC, qu'aucun guinéen ne perdra plus la vie dans les manifestations. 

Pour la petite histoire, au temps du parti unique il n'y avait pas de manifestation d'opposition. Il y avait, en revanche, la paix et la quiétude dans le pays. 

Les manifestations politiques violentes souvent réprimées dans le sang ont commencé avec l'avènement du multipartisme, que certains qualifient de sauvage. L'épicentre de ces mouvements de protestation varie inversement en fonction de l'appartenance ethnique de celui qui gouverne le pays. Ainsi, lorsque le Général Lansana Conté était Président de la république, c'étaient Madina SIG et la Haute Guinée qui constituaient l'épicentre des contestations. Lorsque le Professeur Alpha Condé est devenu Président, à son tour, l'épicentre des contestations s'est déplacé vers le quartier de Bembeto et dans le Fouta. Depuis l'indépendance jusqu'à nos jours le Fouta est opposé à la gouvernance des Malinkés. Du coup, les Malinkés aussi craignent des représailles de la part des Peulhs, au cas où ceux-ci auront le pouvoir eux-aussi, un jour. Le complot dénommé complot Diarra en est une parfaite illustration. Il a été mis à profit par les dignitaires Peulhs du CMRN pour massacrer la quasi-totalité des officiers Malinkés, de façon extrajudiciaire, en Juillet 1985. On s'est servi simplement de Lansana Conté pour venger les victimes du règne de Sékou Touré, issues principalement de l'ethnie Peulh. Et c'est justement à cause de ce massacre que les Malinkés ont haï un moment donné Lansana Conté et son ethnie, l'ethnie Soussou. Voilà pourquoi les quartiers ou les villes majoritairement Malinkés constituaient l'épicentre des contestations du régime de l'homme de 3 Avril 1984. La situation de notre pays est tellement complexe que des simples déclarations démagogiques ou l'organisation des assises tronquées ne peuvent avoir que de l'effet boomerang. On ne peut ignorer l'origine d'un mal et prétendre trouver de solution à ce mal, à moins qu'on soit fou. Le fou ne se rend compte de l'arrivée de l'hiver que quand il commence à se blottir sous l'effet de la fraîcheur. C'est là qu'il comprendra que l'hiver est arrivé. Il ne prévoit pas, mais il subit. L'élite de notre pays se comporte exactement comme des fous. 

Bref, même si Barack Obama devenait le Président de notre pays, sans réformes politiques adéquates, il aura inéluctablement des morts sous son règne. Il ne faut pas se leurrer, il en aura des morts et des morts encore, sans compter des blessés et des dégâts matériels. C'est inévitable. Car, c'est la démocratie de haine qui est pratiquée qui tue et fait tuer. Lansana Conté a tué ; Alpha Condé a tué ; ce n'est pas Doumbouya qui fera l'exception à cette règle. 

 

DMM

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Comment mettre fin au vote communautariste ou identitaire dans notre pays ?  

Avec l’avenement du multipartisme, les elections présidentielles sont l’occasion d’expression de l’identite culturelle dans notre pays, donc source de conflits à caractère communautaire. Cela est dautant plus marqué lorsque deux candidats issus de deux différentes régions naturelles ou ethnies majoritaires au second tour. Mais lenjeu sera tout autre si les deux candidats venus en tête du premier tour du scrutin ou primaire sont issus de la même région ou ethnie. Les tensions ou violences électorales, si elles en auront, seront régionales, donc faciles à circonscrire. Ce nest pas évident que le renforcement des institutions met un terme à un conflit culturel ou identitaire ou idéologique vieux de plusieurs décennies.  

Système de Gouvernance à tour de rôle ou présidence tournante

Pour une paix durable dans notre pays, il faut instaurer un système de gouvernance à tour de rôle impliquant les quatre régions naturelles du pays. (À ne pas confondre la région naturelle à la région administrative). Un système démocratique participatif qui commence au niveau régional avec des primaires et se termine au niveau national avec l’élection du président issu de la région hôte. Ainsi, chaque parti politique agréé est libre de présenter un candidat régional. Et les deux venus en tête à la suite des primaires seront les candidats aux élections présidentielles au nom de la région hôte de la présidence. La particularité avec le système classique actuel, c’est que le vote est national mais les candidats aux élections présidentielles sont issus d’une même région, la région hôte.  

Recomposition du paysage politique pour l’adoption du bipartisme

Dans le cadre d’une éventuelle réforme du paysage politique dans notre pays, il serait intéressant de promouvoir l’organisation des primaires pour le choix des candidats aux élections présidentielles. Ce mode de scrutin oblige des alliances, qui conduisent, au finish, à la formation de deux, voire trois blocs ou courants. Il faudra aussi introduire un système de parrainage, tout en renforçant l’audit des partis politiques. Cela permettra non seulement d’empêcher des candidatures fantaisistes aux élections, mais d’éviter aussi l’existence des partis fantômes dans le paysage politique.

 Bref aperçu sur l’histoire de la présidence tournante

Le système de présidence tournante ou participative est un mode de fonctionnement où le président d’une institution est désigné temporairement, en fonction de paramètres dépendant de sa nationalité, de son origine, de son territoire. Le plus souvent ce type de présidence est utilisé dans les organisations internationalesIl peut aussi être utilisé dans des pays où il y a des tensions entre communautés, afin de ramener la paix. Beaucoup de pays comme la Suisse, où le pouvoir se partage entre trois confédérations, vingt-six (26) cantons et plus de 2250 communes ; il y a aussi la Belgique où il est partagé entre les Flamands et Wallons, afin de maintenir la concorde nationale. Chaque pays occidental possède un modèle démocratique adapté à leurs réalités concrètes. En Afrique, au Nigeria, un simple accord entre acteurs politiques pour une présidence tournante entre le Nord et le Sud, a permis de ramener, globalement, la stabilité sociopolitique au Nigeria. Qu’est-ce qui nous empêche nous aussi à réfléchir comme les autres pour trouver une formule démocratique adaptée à nos réalités concrètes ?

Avantages et inconvénients d’une présidence tournante

La présidence tournante permet même à des minorités d’accéder au pouvoir et de faire prévaloir leur point de vue. Elle évite les problèmes de susceptibilité et de jalousie entre communautés. Elle permet déviter les interminables négociations ou dialogues et blocages politiques. Cependant avec une courte durée des mandats, elle entraine aussi une forme d’instabilité. C’est souvent le cas des Organisations internationales.

 Gouvernance démocratique de proximité

La république pluriethnique est une évidence en Afrique. La Guinée ne fait pas exception à cette réalité. Pour une gouvernance démocratique participative, chaque ethnie ou communauté doit être représentée au sein d’un conseil, par exemple un conseil régional. Avec les quatre (4) régions naturelles du pays, on aura quatre (4) grands conseils régionaux. Les attributions et le fonctionnement de ces conseils régionaux seront définis, dont les sièges seront situés dans les capitales régionales comme prévu par le code des collectivités. Ils seront dotés chacun d’un budget de fonctionnement. Les membres de chaque conseil seront élus par leurs communautés ou ethnies.

Le nationalisme ethnique n’est par nature ni bénéfique ni maléfique au système politique dans son ensemble. Tout dépend de ses stratégies et modes d’articulation à l’État.

 Choix de la région hôte

Le choix peut se faire par un simple tirage au sort. On fait un premier tirage pour choisir la première région hôte de la présidence. Avant la fin du mandat de celle-ci, on organise un nouveau tirage pour choisir la seconde région hôte, et ainsi de suite. Une fois la troisième région hôte connue, la quatrième est automatiquement connue elle-aussi, car il s’agit les quatre régions naturelles du pays. Le schéma de la présidence tournante étant alors dessiné ou connu, on n’aura plus besoin d’organiser d’autre tirage au sort. Il faut noter aussi que le choix de la région hôte peut se faire aussi suivant l’ordre alphabétique français des noms des régions. Tout dépend du consensus.

 Durée de mandat  

Un mandat dune durée de 5 ans non renouvelable pour chaque région et pour chaque candidat, est suffisant. Avec les quatre (4) régions naturelles du pays, le cycle va durer 20 ans. Une longue durée de mandat a des avantages, tout comme des inconvénients. Il en est de même lorsqu’elle est trop courte aussi. Il faut juste trouver la durée raisonnable, acceptable par tous.

 Constitution de l’Assemblée des élus du peuple

Il serait mieux de constituer deux chambres, à savoir : la chambre des représentants des ethnies ou communautés, dont le nombre par région à la proportionnelle sera défini et la chambre haute composée des sénateurs. En d’autres termes, on doit avoir une assemblée constituée des députés ou conseillers régionaux et une autre constituée des députés nationaux ou sénateurs élus également à la proportionnelle. Les premiers vont s’occuper des lois organiques et ordinaires qui s’appliquent sur les communautés; tandis que les derniers s’occuperont de ce qui est constitutionnel, national.

Éligibilité des candidats présidentiels régionaux

Il s’agit d’abord de procéder au recensement et à l’établissement des cartes biométriques où l’ethnie et la région d’origine de chaque citoyen seront clairement mentionnées dessus. L’identité culturelle n’est pas à dissimuler. C’est une réalité dans notre pays et dans la plupart des pays africains. Chaque candidat doit pouvoir maîtriser parfaitement une langue de la région dont il se réclame et y résider permanemment d’au moins 5 ans avant les élections primaires; ces élections déboucheront sur le choix des candidats régionaux pour les élections présidentielles. Tout dépend du consensus ;

 Double appartenance régionale pour certaines communautés

Ces communautés sont culturellement identiques, mais qui sont administrativement séparées. Donc, un statut particulier peut être accordé aux citoyens des Préfectures et Sous-préfectures administrativement attachées à une région, alors qu’ils gardent jalousement en eux leurs identités culturelles, comme Télimélé dans la région administrative de Kindia ou Dinguiraye et Dabola dans Faranah. Par exemple, qu’il soit accordé une double appartenance aux habitants des localités concernées par cette particularité. Ainsi, ceux qui veulent se présenter comme candidats régionaux aux élections présidentielles selon la culture dont ils se reconnaissent, peuvent le faire librement. D’autres critères peuvent être éventuellement élaborés pour éviter l’amalgame et des conflits d’intérêts inutiles.

Organisation des élections primaires régionales

La première région hôte organise les élections primaires dont prendront part l’ensemble des partis politiques existants; mais ces partis seront présidés seulement que par les candidats issus de cette région, la région hôte. Les deux premiers candidats venus en tête du scrutin, sous la houlette de leurs partis politiques d’origine, peuvent former deux coalitions politiques. Ceux qui ne seront ni de la gauche ni de la droite, seront simplement des centristes ou des indécis. Ces derniers seront départagés par l’ensemble des électeurs du pays. Le vainqueur est d’office le Président de la République, dont les prérogatives seront préalablement bien définies. Les questions à dimension nationale sont traitées par le Président de la République, celles qui sont régionales par les gouverneurs des régions.

Siège des institutions  

Pour un départ, la zone spéciale de Conakry peut être maintenue comme siège des institutions. Mais àl’avenir, il serait mieux de créer une nouvelle capitale administrative (une nouvelle ville), de préférence dans le centre du pays, pour abriter le siège des institutions, dont la Présidence de la république.

 Choix du Premier ministre

Le choix du Premier ministre doit être strictement consensuel. Il ne doit provenir de la même région que le Président de la république. Ce dernier propose au Senat ou à l’Assemblée trois (3) personnes provenant chacune d’une région naturelle du pays. D’autres critères peuvent être éventuellement définis. Quoiqu’il en soit, tout dépend du consensus national préalablement établi. Le CRASSOG propose simplement les grandes idées en attendant la mise en place d’une commission nationale de réflexion sur l’avenir de la stabilité sociopolitique du pays.

Obstacles pour la réalisation des réformes politiques 

  S’il y a un obstacle majeur pour la réalisation de ce projet de réforme, c’est bien le manque de volonté de la part des acteurs politiques et de la société civile. Pour l’opposition, le chef de file notamment, il va simplement retarder son tour d’accéder au pouvoir. En plus, chaque leader politique croit avoir une baguette magique pour ramener la paix et la concorde nationale une fois élu à la magistrature suprême du pays. CRASSOG trouve cela utopique, car les causes de l’échec du multipartisme sont systémiques et idéologiques. Il y a aussi l’endettement des leaders politiques; puisqu’on ne sait pas comment les gens se débrouillent pour obtenir le financement de leurs activités politiques. Donc ce n’est pas évident que les leaders ayant longtemps investi en politique pour être président de la république soutiennent une telle initiative. Les préoccupations sont ailleurs.

Risques de dérapage et garde-fous

Les risques de dérapage dont craignent beaucoup de personnes, sont : la confiscation du pouvoir par la première région hôte de cette présidence tournante, le choix des candidats régionaux aux élections présidentielles, le partage inégal des recettes de l’État et des dons des partenaires au développement au profit de la région hôte ; il y a aussi le recrutement des agents de l’administration que la région hôte peut se faire la part du lion. Pourtant il y a des moyens de prévenir tous ces risques de dérapage en mettant en place des garde-fous solides, comme par exemple la mise d’un conseil constitutionnel composé de trois (3) juges représentant chacun une région, exceptée la région hôte, dont les critères d’éligibilité ou de choix et les attributions seront définis.

Conclusion

L’instauration d’un système de présidence tournante ou gouvernance à tour de rôle donne une chance égale a chaque région ou identité culturelle, qu’elle soit minoritaire ou majoritaire, de présider les destinées de notre pays. Chaque région sera gérée par un conseil régional. Le gouvernement central joue le rôle de fédérateur. Ce système pourra mettre fin à la stigmatisation ethnique. Ce ne sont pas les électionsqui pourront résoudre ce problème, encore moins le renforcement des instituions. Lethnocentrisme ou le régionalisme est une maladie psychologique extrêmedifficile à guérir. Et tout le monde est infecté du virus de cette maladie.        

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ensemble pour des réformes politiques !

 

 

 

Ensemble pour un avenir stable !

 

 

L’avis de chacun compte !

 

 

Merci !

 

 

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L'une des causes principales de la corruption dans notre pays, c'est la pression financière excessive de l'entourage exercée sur les hauts cadres de l'État.