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Libre opinion :

Message aux Leaders politiques de notre pays

Chers leaders politiques !

Depuis près de deux décennies vous vous battez pour l'instauration de la démocratie et la bonne gouvernance dans notre pays. À l'occasion des élections de 2010, un d'entre vous est finalement devenu Président de la république, en l'occurrence, Pr. Alpha Condé. Ces élections bien qu'ayant été estimées libres et transparentes, étaient tout de même émaillées de fraudes et de violences. Au terme des négociations menées sous la houlette de la communauté internationale, Mamadou Cellou Dalein Diallo, son principal challenger, a reconnu sa défaite. Mais ce dernier va-t-il accepter une nouvelle défaite face à un autre candidat ? Et s'il est déclaré vainqueur par l'organe censé proclamer les résultats des élections, son principal challenger va-t-il lui aussi accepter les résultats ? Surtout si celui-ci est issu ou soutenu par l'ethnie adverse, probablement celle du Président de transition. Que fera alors le gouvernement de transition ? Et en cas de cacophonie ou confusion, que va faire l'armée ? Il faut rappeler qu'en dépit de l'élection d'Alpha Condé et la reconnaissance des résultats par Monsieur Mamadou Cellou Dalein Diallo, les manifestations sanglantes avaient toujours continué de belle manière. Le mot d'ordre de ces manifestations était entre autres le départ de Bakary Fofana, Président de la CNI et la révision de la liste électorale. Il était considéré être proche du Président Condé, probablement, à cause de leur appartenance à une même ethnie. Son départ était d'ailleurs l'une des conditions posées par l'opposition pour sa participation aux prochaines élections législatives. Beaucoup de citoyens, issus essentiellement de l'ethnie du chef de file de l'opposition, perdirent leurs âmes dans ces violences. Bref, l'opposition a empêché le Président Condé de travailler paisiblement pour la mise en œuvre de son projet de société. Et si le chef de file de cette même opposition devenait le Président de la République, à son tour, qu'est-ce qui prouve qu'il ne sera pas lui aussi empêché par la future opposition, la mouvance d'hier ? Comme l'a dit l'autre, je cite : la folie c'est de faire les choses de la même manière et s'attendre à des résultats différents. La classe politique de notre pays est victime de la folie, cécité politique.

Chers leaders politiques !

En faisant une rétrospective, on se rend compte que les élections sont une infime partie de notre problème. La priorité doit être d'abord les réformes politiques, afin de renforcer les institutions du pays, tout en élaborant un modèle de démocratie adaptable à nos réalités concrètes. Pour cela, il faut un sursaut patriotique. Chacun de nous doit accompagner cette nouvelle transition, afin de mettre en place des institutions fortes, qui garantissent la démocratie et les droits de l'homme. Rien ne sert à anticiper les élections, dans l’espoir peut-être que ces réformes seront opérées par le Président qui sera élu. Si c'est ce dernier qui doit le faire, il faut s'attendre à des réformes opportunistes, pourtant crisogènes. Les charges électorales obligeant.

Chers Leaders politiques !

Que devons-nous faire pour éviter des élections communautaires ou ethniques, dans lesquelles chacun vote pour le candidat de sa région ? Voilà l'équation à laquelle on doit trouver une réponse appropriée, avant d'aller aux élections; au risque de sombrer davantage dans les violences, voire une guerre civile. Ce sera utopique de croire qu'après les élections, le vainqueur pourra résoudre la question de l'identité culturelle, dont souffre chroniquement notre pays. On a inconsciemment dépassé la ligne rouge. Autrement dit, tant qu'on ne réforme pas le système politique, tant que le vote est identitaire, il faut s'attendre à une nouvelle transition politique. L'armée continuera à s'immiscer dans les affaires politiques, avec l'échec de la classe politique. On sera simplement champion en perpétuel recommencement, retour à la case départ.

Chers leaders politiques !

On a perdu dix ans gratuitement à cause de la ruse des uns et des autres. Et dix ans ce n'est pas dix jours. Ceux qui avaient 40 ans en 2010, ont quel âge aujourd'hui ? Dix ans de violences gratuites ! Dix ans de méchanceté ! Dix ans d'orgueil ? Dix ans de gabegie ! Dix ans de médiocrité ! Ça suffit. On n'en veut plus. Ayez pitié de la Guinée et des Guinéens maintenant. On a trop souffert pour rien.

Chers leaders politiques !

Vous faites partie de la deuxième vague d'opposants, composée essentiellement d'anciens ministres et des premiers ministres. Vous avez géré des fonds publics avant de devenir opposants. Et on ne vous a pas auditionné de votre gestion du bien public. De grâce, ayez pitié de nous maintenant ! Nous les sans voix, on n'en veut plus. Chers Leaders politiques ! Il doit avoir une culture de l'alternance à la tête de vos différents partis politiques d'abord. Sinon, sachez que vous êtes tous de futurs dictateurs. Car, un parti qui n'est pas géré suivant les règles démocratiques, si ce parti accède au pouvoir, il faut s’attendre à la dictature, un pouvoir absolu. Malheureusement les partis sont tous taillés sur mesure. Leur survie dépend de leurs fondateurs. C’est toujours les mêmes personnes, avec les mêmes propos, parfois haineux. Alors que le culte de personnalité est une menace sérieuse pour la survie d’un parti. Le cas du RPG est illustratif. Il est en train de subir les conséquences du culte de moi. Tout se résumait à la personne du PRAC. Ce parti attend ses funérailles. À qui la faute ?

Chers leaders politiques !

Pour une stabilité sociopolitique durable, il faut une recomposition du paysage politique. Ceci est absolument impératif. Et comme toujours, je continue à croire que le bipartisme ou le multipartisme dans un système de présidence tournante est mieux indiqué pour notre pays. C'est-à-dire une gouvernance à tour de rôle impliquant les quatre régions naturelles, de façon démocratique. Cela donnera une chance égale à chaque identité culturelle ou région de participer à la gestion des destinées de notre pays, notamment la présidence de la République. Sans discrimination aucune. La pomme de discorde étant la présidence de la république.

Convaincu que votre préoccupation majeure du moment est la tenue des élections dans un bref délai, je vous prie de bien vouloir m’excuser si vous trouvez mes propos offensants.

 

Dr Mory Mandiana DIAKITE

Ingénieur agronome

Enseignant-chercheur

Écrivain